Dates-clés
Introduction
Les chercheurs emploient aujourd’hui les outils numériques dans toutes les facettes de leur activité. Ils innovent, développent de nouveaux outils, créent et gèrent des plateformes numériques ainsi que de précieuses données. Leurs publications sont nativement numériques.
Cependant, ces productions scientifiques numériques de la recherche sont souvent difficilement accessibles : ressources non-publiques ou non-documentées, nécessité d’être abonné ou d’avoir acheté la ressource, nécessité de s’identifier de manière variable selon la ressource, formats incompatibles voire incohérents etc. L’utilisation pleinement efficace du numérique est entravée. La science ouverte vise à corriger cette insuffisance.
La science ouverte favorise une approche transversale de l’accès au travail scientifique, des visées et du partage des résultats de la science mais aussi une nouvelle façon de faire de la science, en ouvrant les processus, les codes, les méthodes ou encore les protocoles. L’accès ouvert rend possible le mouvement de diffusion de la production scientifique sur internet. L’accès ouvert lève les barrières de l’accès en maintenant toutes les protections du droit d’auteur.
Aussi ouvert que possible, aussi fermé que nécessaire
Une dynamique politique, scientifique et citoyenne
Il y a au moins trois bonnes raisons pour développer la science ouverte : une raison scientifique, une raison citoyenne et une raison économique, sociale et politique.
- Le partage des connaissances scientifiques rend la recherche plus efficace, plus visible, moins redondante. L’utilisation de nouveaux outils, dérivés notamment des apprentissages de l’intelligence artificielle, conduit à une autre façon de faire de la recherche, plus transversale, facilitant l’interdisciplinarité.
- La science ouverte modifie la façon dont la recherche s’inscrit dans la société en rétablissant la confiance entre le citoyen et le scientifique, et en permettant de renforcer l’intégrité scientifique. L’accessibilité entre de nombreux acteurs et de nombreuses disciplines facilite la réponse aux enjeux contemporains.
- La publication des résultats scientifiques et le partage des données issues de recherches financées par des fonds publics en grande partie permet de reprendre le contrôle d’un système qui nous a échappé et qui est devenu financièrement insoutenable dans sa projection actuelle avec une augmentation constante de la production scientifique.
Les avancées de la loi pour la République numérique
La loi pour une République numérique a été promulguée le 7 octobre 2016. Elle prépare le pays aux enjeux de la transition numérique et de l’économie de demain. Elle promeut l’innovation et le développement de l’économie numérique, une société numérique ouverte, fiable et protectrice des droits des citoyens. Elle vise également à garantir l’accès de tous, dans tous les territoires, aux opportunités liées au numérique.
Elle devrait permettre d’accélérer et d’amplifier le partage des connaissances pour dynamiser le mouvement de science ouverte au niveau des données, des publications et de l’exploration.
Pour la science ouverte, la loi pour une République numérique favorise le libre accès aux publications scientifiques de la recherche publique, grâce au droit dévolu aux chercheurs de diffuser leurs articles après une courte période d’embargo de 6 à 12 mois, et ce quel que soit le contrat entre le chercheur et l’éditeur de la revue publiant l’article.
Plus généralement, elle vise le libre accès aux résultats des travaux de recherche publique et l’autorisation de la fouille de textes et de données. Les résultats de travaux de recherche financés à plus de 50 % par des fonds publics pourront être mis en ligne en libre accès par leurs auteurs, après une période d’embargo de 6 à 12 mois (6 mois pour les STM et 12 mois pour les SHS). Cette mesure facilitera la libre diffusion de résultats de recherche dont la diffusion était auparavant souvent restreinte et concentrée par les éditeurs. La loi autorise également la fouille de textes et de données en ligne, une pratique essentielle dans le cadre notamment de recherches en sciences humaines et sociales, pratique jusqu’ici interdite et qui doit nous permettre de rattraper notre retard sur la scène internationale sur ce sujet.
Le livre blanc : une science ouverte dans une République numérique (mars 2016)
L’émergence du plan national pour la science ouverte
Le 4 juillet 2018, la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche et de l’innovation a annoncé le plan national pour la science ouverte qui comprend trois axes (publications, données, actions transverses) déclinés en neuf mesures.
Dans le même temps, un Comité pour la science ouverte (CoSO) présidé par le Directeur général de la recherche et de l’innovation, a été institué. Il se décline en quatre collèges : publication, données de la recherche, compétences et formation, Europe et international. Des chercheurs et chercheuses du CNRS et des membres de la DDOR sont présents dans les quatre collèges.